Basile Joseph Ducos

Basile Joseph Ducos, Itinéraire et souvenirs d’un voyage en Italie en 1819 et 1820, 1829

“Ayant l’occupation de l’Italie par les Français, on enterrait les morts dans les églises. Une ancienne Chartreuse, située à deux milles de Bologne, a été convertie en cimetière public. Plusieurs cloîtres en divisent l’emplacement. L’administration vend à perpétuité ou à tems, les caveaux ouverts le long des murs. des mausolées, des bas-reliefs, des peintures allégoriques, des simples pierres tumulaire, distinguent entre ces dernières demeures. En voyant d’après les inscriptions, tant de créatures vertueuses, chéries, regrettées, on serait tenté de croire que la meilleure moitié de l’humanité est montée au ciel, et n’a laissé sur la terre que celle qu’il réprouve. Heureusement il n’en est rien ; et parmi les morts, quelques-uns cachent leurs défauts, comme nous voyons faire les vivants. Ces galeries n’en sont pas moins curieuses à parcourir. On y lit des douleurs de veuvage qui ont fait place à des joies nouvelles ; des regrets qui ne coûtent plus des larmes; peut-être aussi, et il serait pénible d’en douter, l’expression de constantes  amours, d’amitiés qui ne seront jamais trahies. Les artistes y ont épuisé les attitudes du désespoir. En voici un qui s’est contenté de placer à la porte d’un tombeau, une belle figure de l’Espérance, assise, et dont la contenance patiente et le regard vague ouvrent l’âme à la consolation. Ici, l’égalité règne telle que la nature l’a faite : celle-là n’admet aucune exception. Tous les rangs sont confondus. Le riche dort à côté du pauvre, le faible à côté du puissant. la sépulture de la Banti, chanteuse célèbre, touche à celle des Marescalchi, où repose maintenant celui qui fut, sous le règne de Napoléon, ministre des affaires étrangères d’Italie, et qui est encore cité à Paris, pour son exquise politesse et sa loyauté. Toutefois on n’y mêle point les âges et les sexes : les hommes, les femmes, les filles, les garçons, occupent des cloîtres séparés. Puis, vient celui des prêtres. par une bizarrerie singulière, les capucines en ont un pour elles seules; et un ossuaire a été réservé pour les crânes des capucines, qui sont rangés sur des rayons, comme les livres d’une bibliothèque. Une bande de papier collée sur l’os frontal de chacun, indique le nom et le nombre d’années de celui auquel il appartenait. Les protestans, les juifs ont de même des enceintes particulières. Toutes les religions, toutes les sectes sont réunies à ce rendez-vous commun. Les places ont été distribuées ; mais aucune intolérance n’a prononcé d’exclusion. Nul ne s’est établi juge entre la divinité net les hommes, la vie et la mort, les réalités et les mystères de l’éternité.(…)"

[Prima dell’occupazione francese in Italia, i morti erano sepolti nelle chiese. Un’antica certosa posta a due miglia da Bologna è stata convertita in cimitero. Tutta la superficie è divisa in più chiostri. l’amministrazione vende, a perpetuità o tempo determinato, le tombe aperte lungo i muri. Mausolei, bassorilievi, pitture allegoriche, o semplici pietre sepolcrali distinguono queste ultime dimore. A vedere, leggendo le iscrizioni, tante creature virtuose, amate, rimpiante, si sarebbe tentato di credere che la migliore metà dell’uman genere sia salita al cielo e non abbia lasciato sulla terra se non il rifiuto. Fortunatamente non è così, e anche fra i morti, come fra i vivi, c’è la tendenza a nascondere i propri difetti. Queste gallerie meritano di essere percorse. Vi si legge di dolori, di vedovanze che han lasciato il posto a nuove gioie, di rimpianti che non costano più lagrime, e forse ancora, e sarebbe penoso dubitarne, l’espressione di affetti e di amicizie costanti che non saranno giammai traditi. Gli artisti vi hanno esaurite le pose della disperazione.
Eccone uno che s’è contentato di collocare alla porta della tomba una bella figura della speranza, assisa, il cui aspetto contenuto e lo sguardo vago aprono l’anima alla consolazione.
Qui regna l’eguaglianza come l’ha fatta la natura, che non ammette alcuna eccezione. I ranghi sono confusi insieme. Il ricco dorme a fianco del povero, il debole del potente. Il sepolcro della Banti, celebre cantatrice, è proprio accanto a quello dei Marescalchi, ove riposa colui che sotto il regno di Napoleone fu ministro degli affari esteri d’Italia e che è ancora ricordato a Parigi per la sua squisita finezza e per la lealtà.
Tuttavia non sono mescolati le età e i sessi: gli uomini, le donne, le ragazze, i giovinetti, occupano chiostri separati. Poi viene quello dei preti. Per una strana bizzarria le cappuccine ne hanno uno apposta per loro e un ossario è stato riservato pei crani dei cappuccini, che sono collocati in file, come i libri di una biblioteca. Una listarella di carta incollata sull’osso frontale di ciascuno indica il nome e l’età del frate cui apparteneva. I protestanti e gli ebrei hanno essi pure dei recinti particolari.
Tutte le religioni e tutte le sette sono riunite in questo che è destino comune per tutti. I posti sono stati distribuiti, ma nessuna intolleranza ha proclamato l’esclusione. Niuno s’è eretto giudice tra la divinità e gli uomini, la vita e la morte, il reale e i misteri dell’eternità.(…)  traduzione tratta da A. Sorbelli, 1987]

Ultimo aggiornamento: martedì 21 giugno 2011